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Je suis Baptiste, "aventurier du dimanche" et entrepreneur la semaine !
Sur "Qui t'empêche", je te propose de partir avec mon équipe à la rencontre d'athlètes-aventuriers, professionnels ou amateurs, et de leurs anecdotes passionnantes.
Edition co-écrite avec la talentueuse Gabrielle Thin.
Temps de lecture :
- Entretien : 8 min
- Le champion de la semaine : 1 min
- Et vous, à quand le prochain record ? 1 min
Antoine Albeau: “Les records sont faits pour être battus”
Il est le Français le plus titré de l'histoire, 25 fois champion du monde et primé au Guinness Book pour son record de vitesse en planche à voile (98,65 km/h) en 2015... Bref, son palmarès n'est plus à faire ! Et pourtant, en décembre 2020, Antoine Albeau (48 ans) s'est lancé le pari fou de devenir l'homme le plus rapide sur l'eau.
Accompagné par plus de 80 ingénieurs, designers et professionnels de la vitesse, Antoine vient défier les multicoques sur leur terrain ! L'objectif ? Atteindre 130 km/h sur 500 mètres avec sa planche à voile. Découvrez avec nous, les dessous d'un défi complètement fou...
Passionné depuis son enfance par les sports de glisse, le colosse nous raconte sa passion, l'évolution de son sport et l'importance de la transmission des valeurs sportives. Retour sur un parcours hors du commun.
Cela ressemble à quoi l'enfance d'un champion du monde ? Est-ce votre père, un des premiers planchistes français, qui vous a transmis la passion de la voile?
Antoine Albeau: Je ne sais pas s'il m'a vraiment transmis sa passion! Je crois que si les enfants deviennent sportifs, c'est souvent parce qu'ils naissent dans un tel environnement. Mon père ne m'a jamais dit qu'il voulait que je fasse des compétitions. Aujourd'hui il y a une énorme reconnaissance à être sportif, c'est une activité à part entière, mais à l'époque, "sportif", c'était loin d'être un métier!
Et à l'époque, rien n'était fait pour cumuler sport de haut niveau et éducation. J'étais à l'école la semaine, et je me donnais à fond le week-end, pendant les vacances, quand il y avait du vent. Dans ce milieu, c'est comme ça que ça se passait : pour être champion de France minimes à 14 ans, je m'étais entraîné un peu avec des moniteurs et mon père, mais rien n'était vraiment encadré. Je ne suis entré en sport études qu'après.
“Aujourd'hui, tous les jeunes sportifs, qu'ils fassent du skate, du VTT ou du BMX, tous veulent être champions du monde!”
Adolescent, vous dites que vous n'auriez jamais imaginé être champion du monde. Et pourtant 30 ans plus tard, vous accumulez près de 25 titres mondiaux. Comment êtes-vous parvenu à constituer un tel palmarès ?
A.A: Avant, personne ne pensait à être champion du monde. Aujourd'hui, tous les jeunes sportifs, qu'ils fassent du skate, du VTT ou du BMX, veulent tous être champions du monde! La mentalité a vraiment changé. A l'époque, on ne commençait pas un sport dans l'optique de devenir champion, on s'amusait, et si on se débrouillait bien on pouvait enchaîner les compétitions, et un jour, atteindre des championnats du monde. Il y a 30 ans, tout était moins structuré, c'était sans comparaison! Et par rapport aux sports olympiques ou à des fédérations de ski ou d'athlétisme, c'était encore plus différent. J'avais beau parler de championnat du monde, mon grand-père me disait plutôt "Bon, et sinon, quand est-ce que tu te mets à travailler?"
A l'époque, on ne commençait pas un sport pour devenir champion (...) J'avais beau en parler, mon grand-père me disait plutôt “Bon, et sinon, quand est-ce que tu te mets à travailler?"
Cette évolution de la vision des sports de glisse, c'est plutôt une bonne ou une mauvaise chose ?
A.A: Non, c'est super que les gens soient plus sensibles au sport! Avant pendant les vacances, peu de gens allaient courir, faire de la voile ou du ski. Maintenant, ces sports sont beaucoup plus accessibles, avec du matériel plus abordable notamment. Et avec le confinement, les gens ont encore plus envie de faire du sport et pas forcément dans les salles de fitness, personne ne veut rester chez soi, tout le monde veut sortir prendre l'air, il y a eu une vraie évolution là dessus.
C'est votre objectif de remettre la planche à voile sur le devant de la scène?
A.A: Il n'y a jamais vraiment de sport sur le devant de la scène, c'est souvent des effets de mode. Il y a énormément de gens qui font de la planche à voile, avec toujours des innovations technologiques qui la font briller: l'arrivée des foils par exemple redynamise bien la discipline, c'est cool! L'être humain est fait pour évoluer et continuer à développer ses idées, et c'est pareil dans les évolutions de ce sport. C'est un peu comme ton iPhone: chaque année il y a des nouveautés, mais on peut toujours faire mieux!
“L'arrivée des foils redynamise bien la discipline, c'est cool!”
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En 2023, vous allez tenter un record assez fou : pouvez-vous nous en dire plus ?
A.A: L'objectif, c'est le record du monde de vitesse sur 500 mètres sur la mer. En juillet, j'ai réalisé le record du monde de vitesse du 500 mètres en mer ouverte, c'est-à-dire pas sur un canal d'eau calme. On enchaîne les petits records comme ça, avant de se lancer dans l'aventure finale en 2023!
“Les records sont faits pour être battus !”
Vous êtes le premier homme à avoir dépassé les 100km/h en planche. C'est important d'être l'homme le plus rapide sur l'eau ?
A.A: Usain Bolt, pourquoi il voulait battre son record chaque année à votre avis ?
L'adrénaline ?
A.A: En fait, on veut toujours repousser ses limites, essayer de faire mieux. Les records sont faits pour être battus ! Quand ils partent pour le Vendée Globe, les navigateurs espèrent tous pouvoir battre ce record. Il y a toujours des records à battre: en formule un, en moto... L'adrénaline, l'envie, on l'a avant de prendre le run, parce qu'on sait jamais si on va arriver au bout. C'est comme ça qu'on avance!
Lorsque vous chutez à plus 100km/h sur une planche, il y a une quand même un vrai danger... Comment approchez-vous cette notion du risque ?
A.A: Le risque, on le prend en considération mais peu, parce qu'on sait faire et on peut anticiper les chutes. Il y a toujours un risque de se blesser mais on peut aussi compter sur son matériel, et sur l'eau, on a moins de chances de se casser quelque chose que sur le bitume! Après, le premier impact est toujours fort car on est accroché à sa voilure. Alors l'appréhension, elle existe, mais on essaie de ne pas trop y penser. Ouais, il y a de l'appréhension, mais moi j'y pense peu, et puis au pire si c'est filmé, ça fera des belles image (Rires).
“Ouais, il y a de l'appréhension, mais moi j'y pense peu, et puis au pire si c'est filmé, ça fera fait des belles images!”
Un tel projet, ça revient à faire évoluer tout un sport. J'imagine que vous n’êtes pas tout seul dans cette aventure ?
A.A: Avec Marc Amerigo, mon associé sur le projet, on s'est entourés de personnes de confiance qui nous accompagnent à fond. Il y a des designers, des ingénieurs et le créateur des foils du bateau de la Coupe de l'America de l'équipe d'Italie (ndlr: Martin Fisher, co-designer du bateau Luna Rossa actuellement en Coupe de l'America)... En tout, à peu près quatre-vingt personnes! On a la chance d'être entourés d'experts passionnés de voile et de vitesse, des ingénieurs aéronautiques, en modélisation, des designers de bateaux ou d'hydrofoils.
On a aussi avec nous Pierre Schmitz, qui fait partie de cette jeune génération de planchistes (ndlr: jeune espoir de la planche à voile française, nommé ambassadeur pour les Jeux de 2024 à 14 ans), qui fera un jour de grands résultats en Coupe du monde.
“On recherche toujours du monde qui est prêt à nous aider”
En proposant à Pierre Schmidt de rejoindre le projet, c'est cette volonté de transmission que vous souhaitez partager ?
A.A: La transmission, c'est vraiment important, pour faire perdurer la discipline déjà. Et puis être sur les réseaux sociaux, ça motive des jeunes à nous suivre, et même des moins jeunes d'ailleurs. Il y a des parents qui se disent "Tiens, Antoine, il navigue encore, pourquoi pas moi? Je devrais m'y remettre!" Donc oui, la transmission avant tout. Et puis les jeunes, ils nous boostent! (Rires)
Pierre, il a vu comment je fonctionnais, il nous a beaucoup suivis, même dans la soufflerie. Il a un oeil différent de mon regard parfois perfectionniste. C'est ça qui est super intéressant aussi!
Pour faire aboutir un tel projet, j'imagine que vous êtes toujours en quête de talents et de financements ?
A.A: On recherche toujours du monde qui est prêt à nous aider, on a beaucoup de contacts avec des personnes qui ont des idées, qui veulent discuter ou nous apporter de nouveaux éléments. Souvent c'est grâce à nos réseaux sociaux avec Marc, que ce soit Facebook ou LinkedIn, ça nous aide à avancer!
On a la chance de rencontrer des gens super intéressants, notamment les ingénieurs qui travaillent dans la soufflerie (ndlr: centre de Saint Cyr l'école, où seront modélisés tous les mouvements d'Antoine grâce à des capteurs presque en condition réelle) qui est mise à notre disposition.
Côté financements, c'est un vrai défi, surtout parce qu'on va arriver sur la décision finale de notre prototype de planche. On a testé plein de choses, on s'est éclatés! Maintenant, il va falloir modéliser, trouver les matériaux, fabriquer... C'est une autre paire de manches!
Quelle est la difficulté principale justement aujourd'hui pour rattraper ces fameux 30km/h qui vous séparent aujourd'hui du record mondial ?
A.A: Notre principal problème, c'est qu'on est sur un engin qui part d'une vitesse nulle! L'enjeu, c'est la traînée et pour en avoir le moins possible, il faut une planche très petite, avec laquelle il est difficile de partir de la vitesse zéro en montant dessus et en levant les voiles pour partir.
Ce prototype dont vous parlez, il va ressembler à quoi ? Aileron ou foil?
A.A: On a déjà des idées et on en a discuté, mais je ne dévoile rien pour le moment... (Sourire)
Ce record, vous allez le tenter de le battre en 2023 à 50 ans, ce sera votre votre dernier défi sur une planche à voile ? Peut être un dernier défi d'endurance ?
A.A: L'endurance, ça n'est pas trop dans ma philosophie. Si tu dois t'arrêter pour dormir, c'est pas la peine. Même si j'ai déjà fait quelques épreuves dans ce style, notamment la Manche en six heures.
Et si Zéphir est mon dernier défi? ça, je ne sais pas! A chaque fois que je pars naviguer, j'ai des nouvelles idées de défis. Je veux d'abord être le plus rapide mais il y a en a plein d'autres: aller d'une île à une autre, traverser des détroits. Les limites sont infinies...
Temps additionnel :
Top 3 des spots de planche d’Antoine Albeau:
Il de Ré (La Couarde sur mer)
Hawaii - Maui
Les Antilles
Plus belle victoire ? La première, en 1994.
Votre conseil pour se mettre à la planche ? Commencez en école, avec l'équipement adéquat. —> Petit tips: Rendez vous dans l'école de voile d’Antoine ici à l’Ile de Ré!
Le champion de la semaine
Tony Yoka: de l’or olympique au premier titre chez les professionnels
Près de cinq ans après sa médaille d’or aux Jeux Olympiques, Tony Yoka ne cesse de progresser et de fixer des nouveaux objectifs. Vendredi dernier, le boxeur français s’est offert la ceinture de l’Union Européenne dans la catégorie des poids pours à Nantes, face au boxeur belge Joel Tambwe Djeko. Il a fallu attendre la douzième reprise pour une victoire au KO, qui continue d’alimenter son compteur de victoires: dix sur dix! Malgré une ambiance très tendue avant le combat, la tête de proue de la boxe française a su garder la tête froide et l’esprit à la fois lucide et impétueux. Il confie: "Je le voulais c'est mon dixième combat, mon premier 12 rounds (…) On savait que c'était un adversaire contre lequel on allait devoir employer une tactique différente : j'allais devoir avancer, chasser, cadrer, travailler des choses pas communes. »
Une belle soirée pour le couple phare de la boxe française, puisqu’un peu plus tôt dans la soirée, sa compagne Esteller Mossely-Yoka a conservé son titre de championne IBO des poids légers!
Et vous, à quand le prochain record ?
Le défi wind 2022
Alors, cet entretien vous a donné envie de ressortir votre planche du garage?
Il vous reste un peu de temps pour vous remettre à flot! Chaque année depuis 2001, professionnels et amateurs se réunissent à Gruissan (Ndlr: près de Narbonne, en France), pour une course exceptionnelle. L'objectif ? Parcourir 20km de run au sein d'une flotte de plus de 1000 planches à voile.
Au grand damn des passionnés qui font de ce moment un sommet incontournable de la saison, l'édition 2021 du plus grand rendez-vous de windsurfer français, prévue en mai, vient d'être annulée en raison des mesures sanitaires.
Une annonce qui vous laissera suffisamment de temps pour (re)trouver votre niveau de planche à voile et prendre le départ de l'édition 2022, qui s'annonce être une grande fête de retrouvailles!
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