Hello ! Ici Gabrielle et Baptiste, "aventuriers du dimanche", nous vous partageons toutes les deux semaines le récit des plus grands athlètes-aventuriers de la planète.
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Temps de lecture :
- Entretien : 7 min
- Pour aller plus loin : 1 min
- La minute adrénaline : 1 min
Romain Van Gaver : “Seuls les fous se déplacent en diagonale”
La voici, la huitième édition. Au cours des 4 derniers mois, nous avons rencontré des navigateurs, sportifs et explorateurs qui ont marqué l'histoire par leurs exploits. Résilience, courage et confiance en soi sont autant de valeurs qui ont fixé notre ligne directrice.
Cette semaine, pas de rencontre de professionnel mais d'un membre de notre communauté ! Et oui, nous sommes convaincus qu'il n'y a pas besoin d'être un athlète 100% du temps pour battre des records impressionnants et nous faire vibrer. Romain, jeune étudiant en école de commerce est la meilleure illustration de notre moto Qui t'empêche ?
Plus jeune participant à la Diagonale des fous, traversée des Pyrénées en 29 jours et autres ultra trails, son palmarès n'est plus à faire et pourtant Romain (21 ans) n'est qu'au tout début d'un très long et prometteur parcours.
Humble, rieur et enthousiaste, Romain nous partage aujourd'hui son expérience dans un échange truffé de détails croustillants et de bons conseils pour se lancer. Allez ! On enfile nos baskets et on part à sa poursuite !
Romain, ça ressemble à quoi les débuts d'un ultra trailer ? Comment as-tu commencé ?
J'ai commencé le trail par un défi un peu absurde, le "Défi de l'Olympe" : le principe, c'est de courir sous une télécabine pour monter et la prendre pour descendre, en faisant le plus d'allers-retours possible ! (Rires) Ensuite, la première vraie course que j'ai faite était au Pérou où j'avais passé 5 semaines en volontariat : sur un coup de tête, je m'étais inscrit sur les 50km de l'ultratrail de la Cordillera Blanca ! J'avoue m'être rabattu quelques jours avant sur le 25km, c’était plus réaliste : j'ai adoré cette course, qui montait jusqu'à 4.500 mètres d'altitude ! C'est ce qui m'a lancé pour la suite.
“Toutes les occasions sont bonnes pour rêver à de nouveaux défis !”
Comment choisis-tu et te lances-tu dans de nouveaux projets de course ?
Toutes les occasions sont bonnes pour rêver à de nouveaux défis ! Et je dois dire que la période des examens, lorsque je suis assis à mon bureau, est parfois particulièrement propice à élaborer de nouveaux projets. Sinon je fonctionne beaucoup au feeling, dès qu'on me parle de nouvelles idées ou que je vois passer de belles images sur YouTube ou instagram, je me renseigne et je me projette. Je me donne souvent les quatre mois d'été étudiant pour vivre ces rêves. C'est là que je carbure vraiment et que je m'organise avec plus de rigueur, avec des horizons en août ou septembre. Mais avec ma découverte du ski, ça va peut-être un peu changer ! (Sourire).
On peut très facilement se renseigner sur les itinéraires. Je passe du temps sur Instagram où on voit souvent des photos extraordinaires, et je n'hésite pas à demander directement aux personnes concernées des renseignements sur les conditions, la manière d’attaquer tel couloir à ski, le temps réaliste pour faire le GR20 en trail…
En 2019, tu es le plus jeune au départ d'une course de renommée internationale : la Diagonale des Fous, à la Réunion. Peux-tu nous raconter ?
La Diagonale des Fous, c’est un peu un mythe de la course en montagne : 166 kilomètres avec environ 10.000 mètres de dénivelé pour parcourir l’Île de la Réunion du Sud au Nord. La première chose qu’on m’a dit en arrivant, c’est “Seuls les fous se déplacent en diagonale”: j’ai vite compris l’idée ! (Rire) Je m’étais beaucoup entraîné l’été précédent et j’ai débarqué seul à la Réunion. Au départ à 22 heures, il y avait une ambiance de coupe du monde, avec les 2.700 participants. C'était fou. La première nuit s’est bien passée, on a même vu passer les premiers qui s’étaient trompés de chemin, j’ai pu reconnaître quelques-unes de mes idoles. J’ai couru plusieurs kilomètres avec un ancien vainqueur de l’épreuve, Antoine Guillon, 15 diag à son actif, j’ai vite vu qu’il était plus à l’aise que moi... (Rires)
C’était vraiment magnifique, on est passés dans le cirque de Cilaos, où se tenait la première base vie au bout de 60 kilomètres, au niveau du Piton des neiges. À ce moment-là, je me sentais bien, je crois que j’étais dans le top 100. C’est là que j’ai pris la première mauvaise décision de ma course, celle de ne pas prendre ma ventoline alors que j’étais asthmatique. Deuxième erreur dans la foulée, je mange trop au ravitaillement, une erreur que j'ai l'habitude de faire (Rire). En trail, il faut manger beaucoup, mais petit à petit !
Le mur des 90 kilomètres arrive : je n’arrive plus à suivre les personnes avec qui je courais. C’était un peu la limite de mon entraînement, je n’étais jamais allé au-delà ! Je suis passé devant une table de ravitaillement que j’ai dévalisée en sel pour refaire le plein de minéraux.
Puis c’est la deuxième nuit : j’essaie de dormir une heure pour reprendre des forces avant une grosse côte qui m'emmène à 2.100 mètres d’altitude, dans la douleur, avec toutes mes ampoules et mon début de laryngite. Là, coup de chance, je tombe sur un stand de podologues qui sauvent mes pieds avec leurs bandages. Il reste alors une quarantaine de kilomètres, que je fais en grande partie avec un breton qui finissait sa onzième édition avec pour objectif d'entrer dans le top 150. C’est grâce à lui que j’ai continué à avancer. Sur le chemin des Anglais, un sentier impraticable, sans lui, ça aurait été impossible ! Il n'arrêtait pas de me répéter “Allez, on relance, on peut les avoir, les mecs devant nous !”. Il maîtrisait parfaitement son sujet, mais j’avais tellement envie qu’il se taise ! (Rires) Mais c’est lui qui m’a boosté. La dernière descente m’a permis de dépasser du monde, je ne m’arrêtais pas de courir n’ayant qu’une idée en tête : en finir ! À l’arrivée, grand moment d’émotion : j’ai franchi la ligne en 36 heures et 30 minutes, après deux nuits dehors, et j’arrive 142e sur les 1900 qui finissent la course. Le vainqueur finit 12 heures avant moi : on ne joue pas dans la même cour avec les extra-terrestres qui sont devant, c'est ça qui est beau. Pour moi, une course est gagnée quand on a tout donné et qu'on franchit la ligne d'arrivée et malgré quelques facteurs qui ont rendu la course difficile, ça reste un souvenir incroyable.
"À l’arrivée, grand moment d’émotion : j'ai franchi la ligne en 36 heures et 30 minutes, après deux nuits dehors, et j’arrive 142e".
Comment est-ce que tu perçois ton sport, individuel ou collectif ? Quelle est ta principale motivation ?
J’adore partager mon amour pour la montagne, emmener mes amis ou ma famille là-haut pour une belle journée de randonnée. Mais je crois que le trail reste une pratique individuelle, car il faut savoir écouter son corps et chacun a un niveau différent. Si je peux poser mon sac, laisser les autres et aller courir une heure au coucher du soleil, c’est mon petit plaisir !
C’est vraiment l’aventure plus que la compétition qui me motive. Tu ne peux pas courir 160 bornes juste pour battre les autres : le plus important c‘est de gérer sa course, s’écouter et à la fin gagner la bataille contre soi-même, c’est comme ça qu’on vit des trucs de fou avec des émotions incroyables.
"Tu ne peux pas courir 160 bornes juste pour battre les autres : le plus important c‘est de gérer sa course, s’écouter et à la fin gagner la bataille contre soi-même"
Après 166 kilomètres et plus de 36 heures de bataille avec ton corps, comment fixes-tu la limite entre plaisir et performance ?
Je parle beaucoup de plaisir, mais il faut aussi savoir sortir de sa zone de confort. La différence ne se fait pas tant au niveau des capacités physiques, mais des capacités mentales. Je connais beaucoup de gens bien meilleurs que moi, mais qui ne sont pas prêts à se dépasser et qui ne se rendent pas compte qu’ils sont largement capables de courir trois kilomètres de plus. La clé est vraiment dans la gestion du mental, un peu comme dans la vie en général, car pendant la course, tu passes par toutes les émotions, de l’adrénaline de dingue en courant sous les étoiles aux ampoules sous la pluie. (Sourire)
"C'est vraiment l'émerveillement face à la nature qui compte, et je pense que c'est le plus important quand on veut faire du trail !"
Pour les néo-trailers que tu fais rêver, c’est quoi le budget pour se lancer ?
Je pense que le budget, chacun se le fixe à son échelle ! Mais voici les basiques pour partir courir dans les meilleures conditions :
Un sac de trail
Des flasques de boisson
Des bons bâtons légers (100€)
Des chaussures spécifiques au trail (il y en a à tous les budgets, mais Décathlon fait commencer sa gamme à 70 euros)
Une veste légère de type Gore-text
Ensuite on peut y ajouter les participations aux courses autour de 100 à 150 euros et les transports.
Petit point d’attention sur les chaussures quand même, il faut des chaussures polyvalentes, qui permettent à la fois de courir sur des sentiers plats et d’autres, plus techniques, en tous cas surtout pas des chaussures de route, ou vos chevilles vont souffrir !
"Il faut avoir vraiment envie de faire les choses, plutôt que de faire un marathon ou le mont Blanc pour l’orgueil de dire qu’on l’a fait !"
Un conseil pour entraîner notre communauté dans ta foulée ?
Mon conseil serait surtout de rester fidèle à la promesse qu’on se fait, de savoir pourquoi on court, en se fixant un objectif précis. Il faut avoir vraiment envie de faire les choses, plutôt que de faire un marathon ou le mont Blanc pour l’orgueil de dire qu’on l’a fait ! L’idée c’est de sortir de sa zone de confort et de faire le plein de dopamine, pour être fier de se dire à la fin “je l’ai fait !”
Temps additionnel :
Pourquoi tu cours ? Être en montagne et prendre du plaisir.
Ton plus beau souvenir ? Un repas partagé avec mes frères au soleil de minuit après 24 heures de course sur des crêtes en Norvège.
Ta course favorite ? Le High-trail de la Vanoise.
Ton pire moment ? Une crise d'hypoglycémie sur ces mêmes crêtes en Norvège.
Une technique pour progresser ? Faire la course avec le coucher de soleil. Allier plaisir et performance...
Ton prochain défi ? La traversée des Alpes à vélo, 1.100 kilomètres entre Cannes et Annecy, en passant par le Ventoux et les cols majeurs. Et en attendant, je m’entraîne au Cap Corse !
Tes inspirations ? Il y a trois personnalités que je trouve particulièrement inspirantes et qui mettent vraiment en lumière leur sport, sur les réseaux sociaux notamment :
@kilianjornet → un Espagnol qui a grandi dans un refuge, et qui a une approche très belle de la montagne, en lien avec ses valeurs sans être obsédé par la performance.
@francois_dhaene → Un père de famille et vigneron à mi-temps qui trouve le temps d'aller gambader là-haut !
@xavierthevenard →Et la troisième, c'est le Jurassien Xavier Thevenard qui lui aussi ne fait clairement pas ces courses pour se faire mousser.
Pour eux, c'est vraiment l'émerveillement face à la nature qui compte, et je pense que c'est le plus important quand on veut faire du trail ! La meilleure manière de se lancer c'est d'abord d'adorer courir en montagne hors des sentiers battus, la performance viendra ensuite.


Pour aller plus loin 👇🏼
Comment se lancer ?
Pour nous simplifier la tâche, nous avons cherché pour vous les meilleurs tips et priorités des plus grands trailers. On a retenu trois clés principales :
L'équipement comme priorité pour limiter les blessures et se faire plaisir : tous les budgets sont envisageables avec de bonnes entrées de gamme chez Decathlon, mais il faut bien préciser que l'on fait du trail et non de la course de route. Le journal du trail tient à jour les meilleures innovations pour s'équiper.
Définir un objectif adapté à ses capacités, et se faire un plan d'entraînement en fonction : plusieurs sites en proposent comme pacetraining.run par exemple
Ne pas oublier qu'il faut avant tout prendre du plaisir, regarder les paysages, s'écouter et parfois savoir marcher pour reprendre des forces !
Où ca ?
Où est-ce que je peux trailer ? En réalité, tous les horizons sont possibles !
En montagne, le High Trail de la Vanoise nous a été chaudement recommandé par Romain et bien d'autres avec des parcours de 8 à 70 km et jusqu'à 5.400m de dénivelé (9 au 11 juillet 2021).
La région parisienne n'est pas une excuse pour ne pas courir ! l'Ecotrail de Paris propose une excursion multi distance, des débutants aux pros le 3 juillet 2021
En bord de mer, la Bretagne regorge d'opportunités, comme le trail du bout du monde aux portes de Brest (11 juillet 2021)
Et si vous voulez voyager :
Le half marathon des sables à Fuerteventura : 4 jours en autonomie, pour parcourir 120km aux Canaries en septembre 2021
Les îles Lofoten en Norvège, pour vivre les frissons de Romain
... Sans oublier bien sûr la diagonale des fous à La Réunion ! (21-24 octobre 2021)
Contacts
Vous souhaitez contacter et lui poser vos questions Romain ? Suivez le sur instagram ou envoyez lui directement un email : romain.vangaver@gmail.com
La minute adrénaline
Kilian Jornet, un ultra-terrestre amoureux des sommets
Comme Romain, les plus grands trailers sont aussi des amoureux des sommets. Comme ils sont aussi férus d'images, ils nous permettent de partager leurs exploits. Notre plus grand frisson ? L'ascension de l'Everest par Kilian Jornet, sans corde fixe ni oxygène. Cinq minutes à couper le souffle !
Attachez vos ceintures pour la semaine prochaine !
Et parce que nous aimons aussi nous faire conseiller, la suggestion de Romain est Zabardast, un film réalisé par Jérôme Tanon en 2018, qui relate l'ascension du Karakoram, ou K2, une montagne mythique du Pakistan, par un groupe passionné de freeride. Et notre petit doigt nous dit que nous allons bientôt en entendre parler de nouveau....
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J'ai la chance de le connaitre... Romain je vais venir te chercher !
Si fier de toi Romain ! Continue à nous faire rêver 😊