Yves Auberson, un combat hors norme...
Après 16 ans de vie commune avec la maladie, l'ancien sportif de haut niveau a parcouru en 2020 plus de 1.000km dans les Alpes suisses. Récit.
Hello ! Ici Gabrielle et Baptiste, aventuriers du dimanche, nous vous partageons toutes les deux semaines le récit des plus grands athlètes-aventuriers de la planète.
Yves Auberson : “La vie, c’est ici et maintenant !”
Au programme :
🎙
L’entretien
Yves Auberson, son combat contre la maladie(7min)
🥁
Communauté -
Clément de Quatorze running shop
🏔
A votre tour
- Ferdinand & Chilowé
⚡️
L'inspiration
- To measure a mile
Cet épisode 13 clôt déjà en beauté la première saison de Qui t'empêche ?
Toutes les deux semaines depuis janvier, nous sommes partis à la rencontre d'athlètes-aventuriers professionnels ou amateurs. Chacune de ces éditions était une opportunité de s'ouvrir à de nouveaux horizons. Et parmi les nombreux contenus additionnels que nous vous avons partagés, il en est un qui clairement sorti du lot, autant pour vous que pour nous : le témoignage d'Yves Auberson.
Atteint de la maladie de Parkinson à 35 ans, Yves Auberson est un symbole de résilience et de courage. Après 16 ans de vie commune avec la maladie, l'ancien sportif de haut niveau a parcouru en 2020 plus de 1.000km dans les Alpes suisses pour continuer à faire vivre sa passion pour le sport et malmener la maladie. Nous avons eu l'immense chance de rencontrer cet amoureux des montagnes, qui nous a délivré une magnifique leçon de force et de volonté, pour témoigner que tout est réalisable. Récit.
Yves, comment doit-on vous présenter ?
Je m'appelle Yves, j'ai 52 ans, deux enfants, et je viens de Suisse. J'ai grandi dans une famille de sportifs, avec une mère championne de tennis et un père qui a aussi joué à Wimbledon et la Coupe Davis. J'ai longtemps cru que ma vie ressemblerait à une carrière de tennisman, mais à 15 ans je suis tombé amoureux du golf. J'en ai fait jusqu'à 30 ans, puis j'ai monté une entreprise de maisons en bois avec mon frère et mon père. Et à 35 ans, la maladie de Parkinson m'a emporté sur son passage. Je vis avec depuis 17 ans.
"Je ne vivais que pour le sport"
Quelle était la place du sport avant la maladie ? Comment s'est passée cette découverte ?
Je ne vivais que pour le sport : c'est toujours le cas aujourd'hui, c'est ce qui me fait lever tous les matins pour combattre la maladie.
Au début de la maladie, comme tout le monde, j'étais dans une forme de déni. Elle n'était pas trop contraignante, j'ai même couru des marathons. Je savais que j'étais malade mais j'ai quand même continué à faire du sport à haute dose pendant pratiquement 10 ans. Mais au fur et à mesure je me suis rendu compte que mes performances diminuaient et j'ai dû me remettre en selle d'une autre manière.
Cette nouvelle vie, comment vous y êtes-vous adapté ?
Bien au départ ! J'ai eu une "lune de miel" assez sympathique. C'est la période où vous avez l'impression qu'avec les médicaments vous êtes comme avant. Pendant plusieurs années, j'ai pu vivre normalement, mais avec beaucoup de médicaments : je dis toujours que je suis un junky malgré moi (Sourire). Même les coureurs du Tour de France se dopent moins ! Et moi c'est 365 jours par an...
J'étais jeune quand on m'a diagnostiqué la maladie : j'avais 35 ans et maintenant, à 52 ans, je suis de nouveau sur pied grâce à l'opération. Sans ça, il me restait à peine quelques mois à vivre.
Le sport continue à faire partie de ma vie mais j'ai décidé de m'écouter un peu plus pour me soigner. Depuis 6 mois, on m'a interdit d'en faire trop, mais je suis un super addict ! Trois semaines après l'opération, je faisais 10km de marche à 1.000m de dénivelé en montagne… Je me suis fait tirer les oreilles par mon neurologue alors je me suis calmé (Sourire).
"Je voulais ouvrir et fermer une page de mon histoire."
Comment s'est lancé le grand projet dans les Alpes au cours de l'été 2020 ?
J'ai toujours rêvé de faire le GR5, qui relie Saint Gingolph à Nice. Tout était organisé pour cet itinéraire mais avec le Covid j'ai décidé de rester en Suisse et de faire le tour des Alpes suisses. J'ai repris ma carte et j'ai dessiné tout un parcours d'environ 1.000km, de Montreux à Montreux. C'était une longue préparation, et puis un jour je me suis dit : on y va.
Je voulais ouvrir et fermer une page de mon histoire. J'ai fermé la page de mon travail, de tout ce que je faisais professionnellement et j'ai ouvert la page de ma nouvelle vie de parkinsonien, qui commence maintenant.
Cette marche, je l'ai faite pour montrer aux gens que tous les parkinsoniens, jusqu'à un certain stade, sont capables de faire des choses qu'on n'imaginerait pas.
Comment vous êtes-vous organisé pour que tout se passe bien ?
J'ai été accompagné le tiers du temps je dirais, à chaque fois pour des marches de deux à quatre jours. Au niveau de l'organisation, il y avait un pool de trois personnes qui s'occupaient de mon logement et qui me suivaient. Heureusement, car un jour ça a été compliqué, je me suis retrouvé à 20km de la première auberge pour dormir ! J'ai dû appeler au secours un ami qui habitait dans le coin et qui a pu m'héberger. Généralement, je n'ai pas eu de problème pour trouver un logement.
"Cette marche, je l'ai faite pour montrer aux gens que tous les Parkinsoniens (…) sont capables de faire des choses qu'on n'imaginerait pas."
Avez-vous rencontré beaucoup de monde sur votre chemin avec qui vous avez partagé votre aventure ?
Je pensais que j'aurais plus de contacts avec les gens ! Et qu'il serait plus facile pour moi de m'ouvrir et de raconter mon histoire... En fait, souvent, les marcheurs restaient dans leur coin, et me considéraient comme eux, comme un marcheur "normal" sans savoir que je faisais 1.000km avec la maladie comme compagne de voyage. Sur le coup je n'ai pas eu de grosse couverture médiatique : heureusement, car ça n'était pas le but, je n'étais pas là pour faire Disneyland ! (Sourire) je voulais aussi vivre mon aventure sans être trop sollicité.
"Je me suis persuadé mentalement et ça a fonctionné, un peu comme une auto-guérison."
Sur la centaine de jours, vous avez pu avoir quelques moments de répits ?
Au niveau du rythme, c'était assez cool. En revanche, j'ai eu pas mal de soucis avec les chutes. J'ai fait six chutes "graves" dont une pour laquelle j'ai même dû faire un arrêt de dix jours, et d'autres plus petites. Je me suis notamment fait une grosse entorse, que j'ai guérie en moins de 24 heures là où n'importe quel sportif aurait eu deux ou trois semaines de convalescence… J'ai simplement passé la nuit à plonger toutes les deux heures ma cheville dans une fontaine d'eau glacée. Je devais récupérer mon fils à la gare le lendemain pour quelques jours de marche avec lui. J'étais super positif, je savais que mon fils était là et que je n'avais pas le choix d'avancer. Je lui ai dit qu'on irait mollo et finalement on a quand même fait mille mètres de dénivelé le même jour ! Je me suis persuadé mentalement et ça a fonctionné, un peu comme une auto-guérison. Je me suis quand même donné un ou deux jours de repos ensuite. (Sourire)
Quel est le but de votre Association, Défi Parkinson ? Comment peut-on participer à ces projets ?
On a créé cette association au début du défi avec trois objectifs précis :
Réunir des fonds pour financer entièrement le tour des Alpes suisses
S'impliquer auprès de la communauté des parkinsoniens
Réaliser un film de 1h20 sur mon projet, qui sera dans les salles l'année prochaine. On va faire des festivals. Il y a du monde derrière tout cela et on y croit !
Aujourd'hui, les deux premiers objectifs ont été remplis et le film est un peu plus à la peine. Tout le monde travaille bénévolement et je suis très flatté et ému que l'on s'engage pour mon histoire. En plus, ma maladie augmente ma sensibilité donc je ressens toujours beaucoup d'émotion quand je vois les images. Je suis impatient de voir le résultat final !
J'ai reçu plus de 5.000 messages après le reportage sur Stade 2, mon histoire fait écho chez beaucoup de monde. Je suis vraiment touché même si j’ai du mal à répondre à chacun !
Aujourd'hui, depuis cette aventure, vous avez pu être opéré. Pouvez-vous nous expliquer quel était l'objectif de cette intervention ?
Ca n'a pas été simple car le Covid a beaucoup retardé l'opération. Quand je suis rentré de la marche, j'ai cru que je pourrais me faire opérer dans la foulée mais beaucoup d'opérations "non vitales" ont été annulées. C'était difficile et je me sentais vraiment faible, j'ai dû attendre six mois de plus !
En sortant de l'hôpital, en particulier les deux premiers jours, c'était fantastique, je me sentais complètement guéri, même si je savais que c'était momentané. Mais en parallèle, j'ai dû commencer un sevrage de mes médicaments, puisque je n'en prenais plus que deux contre quinze auparavant. Cette période a été extrêmement douloureuse, j'en ai énormément souffert et je le dis d'autant plus que pourtant je suis un battant. On ne m'avait pas présenté cette face de l'opération et ça a été mentalement et physiquement très difficile.
"C'est un peu l'opération de la dernière chance."
Et depuis, comment ce passe cette nouvelle vie ?
Je dis souvent que c'est ma troisième vie ! (Sourire) La première, c'était de 0 à 35 ans, avant la maladie. La deuxième, c'était ma vie de parkinsonien qui s'est empirée jusqu'à 52 ans. Et la troisième vie, c'est aujourd'hui, après l'opération, où je suis momentanément mieux : je remets le curseur 15 ans en arrière et je recommence l'histoire. Elle sera peut-être plus courte, je ne pourrai pas lutter éternellement : avec les conditions actuelles de la maladie et des sciences, il me reste une quinzaine d'années de belle vie. Ça peut être très long comme très court !
C'est un peu l'opération de la dernière chance et c'est pour cela que ces années, je ne les espère pas forcément plus nombreuses ou longues mais surtout plus belles. Je m'impose aussi pour cela une hygiène de vie impeccable, en dormant et mangeant mieux, pour avoir une super qualité de vie.
On n'a qu'une chance, alors il faut y aller !
On imagine qu'un sportif comme vous ne compte pas s'arrêter là... Quels sont vos prochains défis ?
Le prochain défi, c'est déjà mon nouveau job à la clinique Valmont à Montreux ! Je vais commencer tranquillement par une demi-journée de travail au début puis deux ou trois demi-journées. Je vais retrouver mon travail de coach sportif, mais en coachant les gens d'une autre manière que je l'ai fait jusqu'à présent car ce sont pour beaucoup des personnes atteintes de maladies comme Parkinson ou Alzheimer. Je vais tenter de nouvelles méthodes, ça va être intéressant.
Et pour moi, je vais essayer de me tenir en forme le plus possible d'abord. Puis j'aurai un nouveau défi dans un ou deux ans, un nouvel exploit sportif différent de la marche que je tiens secret pour le moment. Je dis juste que ça a un rapport avec les lacs en Suisse ! (Sourire)
“Ce que je dis à toutes les personnes que je rencontre, c'est que s'il faut retenir une chose, c'est que la vie, c'est ici et maintenant. Pas dans une semaine. C'est ici, et maintenant.”
Pour aller plus loin 👇🏼
Si vous avez loupé son histoire, on vous offre une petite séance de rattrapage :
S’engager auprès de l’association de Yves Auberson - Association défi Parkinson
Le Grand Format Stade 2 - (31 janvier 2021) : Toujours se relever pour vaincre la maladie - 7min44
Le Grand Format Stade 2 - (13 Juin 2021) : La nouvelle vie d’Yves Auberson - 5min14
Notre communauté
Clément, fondateur de Quatorze running shop
C'est en allant acheter nos chaussures de course que nous avons rencontré Clément, le cofondateur de Quatorze running shop, boutique spécialisée à Paris. Le passionné de sport, qui a accumulé 25 kilos de trop entre les confinements et ses blessures aux ligaments croisés, s'est lancé dans l'aventure Reset en janvier dernier. L'objectif ? Rien de moins que courir le marathon de Paris en octobre prochain ! Accompagné par Asics et un coach qui suit à la trace ses progrès, Clément entre dans les seize dernières semaines de préparation, et les 8 derniers kilos à perdre.
La philosophie ? Le défi Reset vise à promouvoir le running pour ses bienfaits à la fois physiques et psychologiques. Et toi, qui t'empêche de courir à sa poursuite ?
A votre tour avec Chilowé !
Ferdinand de Chilowé
Depuis six mois, on a voyagé aux quatre coins du monde grâce aux athlètes-aventuriers qu'on a pu vous faire rencontrer. Mais maintenant, c'est la fin du confinement et l'été est en approche : c'est à vous de jouer !
Comment ? Pas de panique, on vous met entre de bonnes mains : nous avons eu la chance d'échanger avec Ferdinand, le fondateur de Chilowé, qui est à la fois un média et une agence de voyage, pionnière de la micro-aventure. En quelques clics, partez à l'aventure à côté de chez vous, accompagnés ou en autonomie, pour découvrir les trésors de la France. De la "rivière sauvage" — deux jours de descente en canoë sur la Charente — au "chant du loup" — trois jours dans le Vercors sur la trace des loups — il y en a pour tous les goûts !
Et comme Ferdinand continue à sponsoriser les sportifs du dimanche, il nous offre un code promo pour profiter de ces micro-aventures : foncez réserver la vôtre avec QUITEMPECHE10 !
L’inspiration de la semaine
To Measure A Mile - Une aventure de 4265km sur le PCT
Allez, si les trois derniers témoignages n’ont pas réussi à déclencher votre dose d’adrénaline hebdomadaire, on vous propose de partir sur les pas de Chris Carter.
En 2018, Chris a parcouru près de 4.265km sur le Pacific Crest Trail (PCT) de la frontière mexicaine jusqu’au Canada. Voici son histoire.
MERCI, merci et merci !
C’était le dernier épisode de la Saison 1 de Qui t’empêche. On vous remercie sincèrement de nous avoir suivi depuis le départ, on espère que les différents témoignages vous ont inspirés et peut être vous pousseront-ils à entreprendre des aventures aussi riches.
N’hésitez pas à nous partager vos impressions en répondant simplement à cet email. On vous prépare un best of dans 14 jours, stay tuned 💛
Gabrielle & Baptiste de Qui t’empêche ?